Pour la FNME CGT, la libéralisation du marché de l’énergie engagée depuis plus de 10 ans est la cause de l’explosion du prix de l’électricité et du gaz.
La déstructuration des entreprises du secteur énergétique n’a profité qu’aux actionnaires (dont l’Etat) qui ont enregistré des gains record depuis une décennie et cela au détriment des investissements sur l’outil industriel, les réseaux et les moyens de production.
La simple annonce de la hausse des tarifs de l’électricité à fait monter l’action d’EDF permettant à l’Etat d’engranger 2,6 milliards d’euros au travers des dividendes qu’il avait touché en action !
Cette libéralisation, couplée à des mesures financières de soutien envers les énergies renouvelables, a créé une vaste bulle spéculative énergétique qui profite à quelques-uns sur le dos de l’ensemble des factures des usagers.
Dans la CSPE « Contribution au Service Public de l’Electricité » qui figure sur toutes les factures, les ENR (Energies Nouvelles Renouvelables) représentent 4 milliards d’€ de redistribution !
Cela a conduit à un scenario absurde où il y a 3 semaines le mégawatt était à -200€ sur le marché français, alors même que le coût de l’AREN (Accès à la Rente Electro Nucléaire de la loi Nome) est de +42€ le mégawatt nucléaire, censé être le coût réel de revient le moins cher.
On donne à perte des mégawatts que l’on fait financer par les clients dans une période de crise pour les usagers. C’est une véritable gabegie pour la FNME CGT.
Certains usagers peuvent étaler sur leur toit des panneaux photovoltaïques, cela n’a rien d’écologique pour eux car ils n’utilisent pas ces kilowatts produits mais recherchent juste un placement financier pour la rente que cela apporte de par le coût de rachat (environ 200€ le mégawatt) et tout cela financé par les factures de leurs voisins !
Concernant les mégawatts à « coût négatif », il s’agit de la « butée de baisse».
C’est l’un des nombreux effets de la «loi du marché », à certain moment on est en surproduction, en particulier à cause du fait qu’on ne peut pas arrêter la production des ENR, donc les « boursicoteurs » préfèrent revendre le mégawatt à un prix négatif plutôt que d’organiser le réseau pour assurer l’équilibre production-consommation.
Ce prix négatif permet ainsi à certains traders d’engranger des mégawatts à un coût incroyable pour les revendre ensuite quand le marché remonte.
Si techniquement, nous n’arrivons pas à stoker l’électricité, en revanche le marché, lui, réussit un tour de passe-passe très profitable.
Mais dans le débat qui s’instaure sur le prix de l’électricité, la FNME CGT s’insurge sur la stigmatisation des salariés au travers de leurs droits et acquis sociaux.
Pour la FNME CGT, les électriciens et gaziers n’ont pas à rougir ni de leur salaire moyen ni de leurs acquis dans un pays où les 500 plus grosses fortunes ont vu leur magot quadrupler en 10 ans (dont 25% durant la dernière année !) représentant 330 milliards soit 16% du PIB de la France ! Et pour quelle utilisation ?
La question des coûts de personnel à EDF ne peut être dissociée des obligations de service public (astreinte, 3×8), présence dans les 36 000 communes, l’obligation de desserte et d’approvisionnement de la France… Les outils de productions (Nucléaire, hydraulique,…) justifient des obligations de sécurité et de sureté qui ont des conséquences sur les coûts de personnel.
Alors que le nombre de salariés est en hausse (+2926 entre 2011 et 2012), la part des charges de personnel par rapport au chiffre d’affaire a baissé, en passant de 16,5 % en 2011 à 15,9% en 2012 (-0,6%). Les dividendes, quant à eux ne cessent de croitre !
La masse salariale d’EDF représente 11 milliards qui sont à mettre en perspective des 70 milliards de chiffre d’affaires d’EDF et surtout des 4 milliards de subventions aux ENR de la CSPE.
La question de la retraite des électriciens et gaziers et de leur régime spécial est aussi liée à cette obligation de service public et de contraintes liées à la spécificité de leurs métiers (24h/24h, 365 jours/an).
Les cotisations retraite des électriciens et gaziers sont (étaient) supérieures au régime général pour financer les spécificités liées aux métiers et aux obligations de service public.
Il est à noter que les différentes réformes du régime de retraite des IEG ont surtout conduit à permettre à EDF de soustraire de ses comptes des provisions (application des normes comptables internationales) alors qu’avant les salaires d’inactivités étaient directement imputés sur les comptes d’exploitation de l’entreprise, aujourd’hui on les fait porter par la collectivité nationale.
D’ailleurs ces contraintes de service public ont toujours été comprises dans les tarifs qui étaient les plus bas HT d’Europe, mais aujourd’hui les actionnaires en veulent toujours plus !
Taux et assiette des cotisations dans les IEG: source info-retraite
- Part salariale : 12,13% des rémunérations hors primes.
- Part patronale : 24,54% des rémunérations principales hors primes.
Taux et assiette des cotisations régime général:
- Part salariale :
- 6,75 % sur le salaire limité au plafond de la Sécurité sociale.
- 0,1 % sur la totalité du salaire.
- Part patronale :
- 8,4 % sur le salaire limité au plafond de la Sécurité sociale.
- 1,6 % sur la totalité du salaire.
Un commerçant cotise 16,5% de son revenu professionnel
La création de la CTA, qui stigmatise le régime spécial des IEG sur la facture des usagers, est la traduction de la spécificité des obligations de service public.
Qui pourrait imaginer rester sans courant plusieurs jours pour ne pas payer la contrainte subie par les personnels qui travaillent 24h/24h, 365 jours par an ?
Pour la FNME CGT le débat sur le tarif de l’électricité, voire du gaz, doit sortir du de la démagogie qui conduit à opposer les salariés qui aurait des droits et ceux qui en ont moins !
Sur le tarif agent, Comme tous les salariés et notamment des grands groupes, le personnel d’EDF bénéficie d’avantages liés à l’activité de son entreprise et qui font partie intégrante du contrat de travail.
Si aujourd’hui le tarif payé par les électriciens et gaziers peut apparaitre comme « déconnecté » de la réalité du cout de production, c’est le fait des directions d’EDF et de GDF qui en leur temps ont compensé les non augmentations de salaire par une non évolution du tarif particulier.
Le tarif particulier des plus de 300 000 électriciens et gaziers est une goutte d’eau dans l’océan des 36 000 000 de clients de l’électricité ! Mais quand on parle de cela on ne parle pas d’autres choses.
La vraie priorité devrait être le débat sur la transition énergétique qui doit engager la France pour le futur.
Il ne peut se résumer à une flambée des prix pour tous, des profits faramineux pour certains, moins de droits pour les salaries du secteur, et encore moins par une autorégulation de la consommation des usagers par l’auto coupure faute de moyens de s’éclairer ou se chauffer dignement.
La multiplication des acteurs dans l’électricité et le gaz a surtout augmenté les marges prises par ces derniers ce au détriment des investissements nécessaires dans les réseaux ou les outils de production.
L’énergie n’est pas une marchandise comme les autres, la FNME CGT alerte depuis plusieurs années sur les risques liés à une gestion purement financière du secteur de l’énergie au détriment de la vision industrielle.
Si l’histoire de l’énergie, après la libération, en France a été d’adapter la production aux besoins, les fermetures de centrale, mise en « cocon » d’outils de production, le non remplissage des stockages gaz va amener à un système d’adaptation de la consommation à la réalité de la production : effacement pour les uns et coupures pour les autres !
Pour la FNME CGT il faut un pôle public de l’énergie qui permette à la puissance publique, aux usagers, salariés d’avoir la maitrise des choix économiques et industriels dans le secteur de l’énergie et sortir des gabegies organisées depuis 10 ans.
Attaque sur l’emploi, les salaires, la retraite, remise en cause des conditions de travail, les électriciens et gaziers sont comme tous les salaries au cœur d’une offensive patronale de profiter de « la crise » pour rogner le droit et acquis de tous… pour le plus grand profit de quelques-uns.
Gagner la stabilité de l’emploi dans les IEG c’est possible.
Dans un contexte économique et social « hostile » la récente victoire des électriciens et gaziers avec l’engagement du gouvernement qu’il n’y ait pas de licenciements économiques dans les IEG (au travers de la SNET) dans le respect des règles statutaires doit conforter les salariés sur leur capacité collective à faire bouger les lignes et imposer d’autres choix.
Cela va contraindre les entreprises des IEG à remettre une réelle mobilité dans les IEG qui permette aux salariés de bouger à leur gré entre entreprise mais aussi à garantir l’emploi.
Pour faire barrage à cette offensive patronale les confédérations CGT, FO, FSU et Solidaire proposent aux salariés de faire du 10 septembre un grand temps fort avec arrêts de travail dans lequel la FNME CGT et ses syndicats vous permettront d’exprimer votre volonté d’autres choix économiques et sociaux.
Monteuil le 12 juillet 2013